mercredi 27 juin 2012

DU SANG DANS LA LUTTE


Triste sort pour le sport Roi !

Discipline sportive la plus prisée au Sénégal, l’image de la lutte avec frappe est détériorée par la violence et le sang qui coule à flot dans l’arène.
La lutte est l’une des rares disciplines sportives sénégalaises dirigée par un homme de la santé. Il s’agit du docteur et gynécologue Alioune Sarr. Ironie du sort, la lutte est le sport où le sang coule à flot. Une situation difficile à expliquer d’autant plus la lutte ne contribue en rien à développer un esprit citoyen, au contraire les écuries de lutte, comme on l’a vu lors de la dernière campagne électorale sont un réservoir de violence qui peut rapidement déborder et plonger le pays dans le chaos. De plus en plus, la lutte s’éloigne des valeurs traditionnelles qu’elle cherchait jadis à véhiculer. Il s’agit de l’endurance, un rapport sain avec le corps, le fair-play. La lutte était surtout un jeu, un moment de communion de la communauté entière après les durs labeurs des récoltes… Aujourd’hui, l’argent a tout dénaturé. Cette discipline nous replonge dans les temps des Romains antiques où le sang et les jeux violents sont très prisés.  Et les Sénégalais sont bien servis car la lutte avec frappe qui n'existe nulle part ailleurs que chez eux. Ce qui s’est passé dimanche soir dernier entre Serigne Ousmane Dia dit «Bombardier» de Mbour et Tapha Tine de l’écurie Baol Mbollo dépasse les limites. Le géant de Mbour s’est retrouvé avec un nez cassé et certainement des blessures internes. Triste sort pour une discipline qui draine beaucoup de spectateurs dans l’arène, attire les hommes publics et les sponsors mais en voie de perversion.
Lutte avec frappe, perversion de la lutte traditionnelle
Dimanche dernier,  le sang a coulé au stade Demba Diop… Deux mastodontes de plus de 260 Kgs de muscles se sont livrés une bataille à la limite extrême de l’esprit du sport où des gladiateurs au temps de l’empire romain. Aprés cette folie de la violence en 21e siècle,  il faudrait vraiment se poser des questions quant à l’avenir de la lutte avec frappe ! Ce qui se passe actuellement dans les arènes sénégalaises n’honorent pas le Sénégal encore moins le sport traditionnel symbole de notre culture. Car même si elle draine beaucoup de monde, en faisant des promoteurs-milliardaires au grand bonheur des sponsors qui se positionnent sur le marché, cette forme de lutte a beaucoup d’effets néfastes sur la société sénégalaise. Il n’y a pas de doute que la lutte avec frappe est une perversion de la lutte traditionnelle. Cette dernière, au temps de sa splendeur ne s’est jamais pratiquée avec des coups de poing. S’il est difficile de dire exactement le début de la lutte avec frappe au Sénégal, mais ce sport semble s’être imposé au Sénégal. Et la lutte avec frappe a de beaux jours devant elle dans la mesure où elle échappe de plus en plus au contrôle de ses organisateurs: avec des coups de poings et des batailles rangées en direct lors des fameuses signatures de contrat, des agressions physiques après les combats de lutte.
 Le rôle néfaste des politiques
A la recherche des muscles pour leur sécurité à défaut de nuire leurs adversaires, certains responsables de la vie publique  ont grandement contribué à faire des lutteurs des stars pour les besoins de leur propre ambition politicienne. Les rares lutteurs qui réussissent dans l’arène se comptent sur le bout des doigts. Et les autres sont à la merci des forces publiques. Les différentes attaques des différents organes de presse au Sénégal tout comme la mairie de Mermoz Sacré-Cœur avec mot d’hommes sont perpétrés par des lutteurs recrutés par des hommes politiques. En plus de cela, il y a la violence hebdomadaire au cours des différents événements de la lutte. Chaque week-end, les populations riveraines du stade Demba Diop et autres lieux de manifestations et d'honnêtes citoyens, à défaut d’être agressés par des bandes de voyous sont terrorisés. Ces agresseurs profitent de ces manifestations pour perpétrer leurs forfaits au grand dam des paisibles habitants des différents quartiers.
Dilemme pour la lutte
Au cours des combats de lutte avec frappe, les lutteurs sénégalais reçoivent souvent des coups de poing qui leur sont fatales. Si ce n’est pas le nez qui est cassé, l’arcade sourcilière ouverte, c’est la bouche qui saigne. En lieu et place de piquer une panique, on s’en félicite que son lutteur a bien fait. Sans se rendre compte qu’à cause du fait que les lutteurs se battent à mains nues et sans aucune précaution, le drame plane tous les week-ends dans l’arène. Un gros risque ! Car les lutteurs ne peuvent pas protéger. Il est impossible qu’ils (lutteurs) portent des gants ou des casques pour atténuer les coups donnés ou reçus. Ce qu’il ne faut pas ignorer qu’en frappant son adversaire avec les mains nues, le danger est là. Seulement si elle veut se vendre à l’étranger, la lutte avec doit faire quelques efforts pour la sécurité des protagonistes dans l’arène comme l’utilisation des gants. Personne n’a besoin de voir un sportif laisser sa vie ou prendre des coups qui pourraient lui faire avoir des traumatismes, dans un sport de combat.  Un vrai dilemme pour cette discipline dite sport de chez «Nous».
Sponsoring en question 
Si le sponsoring et le marketing ont une cause à effet dans la lutte, il n’y pas de doute que le mariage pourrait connaître quelques difficultés. Avec ce qui se passe (beaucoup de violences et de sang) ces derniers mois dans la lutte avec frappe, les sponsors n’aiment plus ternir l’image de leurs sociétés. A preuve, qu’au lendemain des face-à-face (Thiès  et Dakar) entre Balla Gaye2 et Yékini qui ont viré à la violence, le sponsor leader de cette affiche avait saisi le prometteur du combat en ces termes : «Nous ne voulons pas associer l’image de société à la violence et nous sommes prêts à ne plus vous accompagner» avait souligné notre interlocuteur qui cite une source bien autorisé dans la société. D’ailleurs, toujours selon notre interlocuteur, les différents de la première société de téléphonie Mobiles s’étaient tard dans la nuit lors du second face-à-face dans un grand hôtel de la place pour voir quelle solution à adopter. Et dimanche dernier,  avec le sang qui a beaucoup coulé, une décision va être prise.

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